[Fiction] La Belle et la Bête

Chapitre 1: La Bête

Alors que la hache essayait désespérément de trancher le morceau de bois, la pluie s'écoulait sur mon visage. Je ne la ressentais pas, depuis toi je ne ressentais plus rien même pas le vent qui venait se réfugier dans mes poils épais. On ne pouvait même plus appeler ça cheveux ou duvet, non c'était du poil dru et noir salit par le temps et la frustration. Alors que je m'acharnais sur le bois la hache lâcha, j'aurais du m'acharner sur toi comme ça ce jour là... Je décidais d'arrêter et de m'asseoir sur la chaise d'à côté pour me reposer un peu. Je regardais mes mains dures, avant toutes les échardes venaient s'y planter doucement à l'intérieur, maintenant elles se cassent contre cette main gigantesque et répugnante... Si je pouvais me la couper. Aujourd'hui je ne connais même plus les joies de l'hygiène, tout ce que tu utilisais je l'ai banni ... Brosse, coupe ongle, coiffeur, laque, rasoir ... Rien de tout ça n'existe chez moi! Juste une maison noircie et à moitié écroulée. Je ne sors plus de chez moi de peur du regard des gens, quand je pense que il y a deux ans tout cela n'était que paradis... Comme quoi tout change.
Je resongeais ne serai-ce que deux minutes à toi, à nous. Cela me détruisais encore plus, autour de moi les ronces poussaient et les fleurs fanaient, les oiseaux ne chantaient plus et le ciel restait toujours gris. Tout était mort ici. Seul le bois me tenait encore un peu de chaleur...
Parce que tu as fait ce choix que moi seul j'en suis là, parce que tu as choisit de me détruire inconsciemment. Parce que on oubli rien on vit avec...
Moi je ne pouvais pas t'oublier, mais je ne pouvais pas non plus vivre avec toi... La chose que je suis devenu, le monstre que tu as créé est aujourd'hui parmi nous ... Etais-ce cela que tu voulais en partant loin de nous? Voulais tu me voir peu à peu devenir trop encombrant au risque de disparaître? Devenir totalement invisible ?
"On parlera de nous dans les journaux" disais-tu , on parle de moi dans les livres pour effrayer les enfant. Aucun miroir n'existe dans ma taverne au risque de me faire encore plus mal en voyant cet aspect de moi.
Je suis devenu ton propre opposé , je suis devenu la bête des enfers dont tout le monde redoute. Oh mon doux visage aux couleurs acidulées me reviendra t-il un jour?Même ma beauté interieur a disparu en laissant place au goût amer d'une bête cruelle.Ses cris perssants dans la nuit en faisant fuir plus d'un, ses cris de douleur, de manque de chaleur.
Je reprenais en main l'arme pour la réparer et je tapais contre l'être vivant devant moi à moitié mort, mes mains, mes belles mains ... Tuaient comme moi, celle qui dans le temps étaient autant douce que de la soie. Dans le temps...